Les seins aussi ont commencé petits (Marie Mandy)

par Yannick Hustache (PointCulture)

aussi ont commencé petitsLa puberté, ses bouleversements physiologiques et psychiques profonds, et les questions qu’ils suscitent abordés de façon ludique, le plus souvent par dialogues filles/garçons croisés. Frais !

Ils ont une quinzaine d’années, ne sont plus vraiment des enfants mais pas encore des adultes, et leurs corps, en transformation accélérée leur posent 1001 énigmes, et les confrontent aux flux indomptés du désir (sexuel) naissant. Mais à contrario d’un paquet de documentaires s’arrêtant aux aspects purement dramatiques et/ou pathologiques de cette « crise de l’adolescence» (s’il y a lieu de parler de crise), la réalisatrice belge préfère adopter un dispositif « léger » voire guilleret dans le ton, mais sans éluder aucun des questionnements qui jamais ne reçoivent de réponses standards ou définitives. Des filles qui causent entre-elles ou discutent à bâtons rompus avec les garçons, avec ou sans la présence de profs ou d’éducateurs (mais « of course » devant la caméra). Approche similaire pour les garçons, mais les 30 petites minutes de ce reportage sont découpées (et égayées) de séquences où ces mêmes ados se moquent gentiment d’eux-mêmes (« avec ces boutons, je sui dé-fi-gu-rée ! ») ou poussent la chansonnette avec la même pointe de dérision pas tout à fait innocente. De même, Marie Mandy trouve un subterfuge de départ, simple mais malin, qui fait quelque peu sortir le classique échange de points de vue filles/garçons de ses clichés les plus attendus : les ados reçoivent une représentation scientifique dessinée (schéma de coupe le plus souvent) en grandeur nature du sexe « d’en face », et à ceux-ci de livrer leurs impressions, interrogations et ressenti, ou d’afficher parfois une relative gêne. On n’apprend rien de vraiment neuf si ce n’est que le dépassement des représentations sociales collectives (« les filles sont plus sensibles », « les garçons ne pensent qu’au sexe », ce genre) de l’autre sexe est un « effort symbolique » à ré-entreprendre à chaque génération, et que les garde-fous moraux (religion, regard de l’autre) n’offrent finalement que des sécurités toute relatives à des trajectoires personnelles encore au stade de la page (?) blanche. A l’opposé, le film rappelle qu’un discours à l’écoute, dédramatisant et scientifiquement fondé est encore le meilleur moyen de démonter et dédramatiser quelques clichés qui ont la vie dure dans certaines couches de la société (non le tampon n’est d’aucun danger pour la virginité de celles qui le portent !).

Mais davantage, la réalisatrice capture quelques beaux moments (au hammam, en vacances) où les filles parlent de leur corps et de leurs règles « à découvert » mais pas sans pudeur, tandis que les garçons confient leur embarras face aux imprévus d’une érection quelque peu intempestive ou leur appréhension de la « première fois ».

Ce documentaire est disponible chez PointCulture